La photographie de Vincent Descotils serait peut être une affaire de croyance, au sein d’un jeu de découvertes et de fuites. Nous nous plongeons en elle comme des aveugles tâtonnant formes et textures, devenues nouvelles.
En prolongement à son travail dans le dessin et la scénographie, Vincent Descotils ne cesse de définir, de modeler avec l’acharnement d’un orfèvre, son univers photographique en le rapprochant des souvenirs de l’enfance avec ce que les souvenirs ont de trouble et d’indistinct, avec ce que l’enfance a de poétique, d’onirique, d’heureuse ou d’angoissante. Il s’agit finalement de parler du regard premier.
Anti-nostalgique puisque rien n’est fixe. Fait d’un noir et blanc originel, d’un clair-obscur aux détails appelant à l’exploration. Ce regard nous est irrésistible parce qu’il s’adresse directement à notre inconscient. Nos impressions deviennent confuses et demandent à être redéfinies…
Vincent Descotils triture, violente, pétrit et caresse ses images à demi-émergées du sommeil. Ses effets de texture sont alors une peau, parfois rugueuse, parfois douce, la surface et la sève d’un corps (d’un geste) qui s’articule selon les méandres de nos souvenirs. Le trouble est en effet toute la matière de ses photographies, autant dans ses sujets, l’élaboration de visions impalpables, méditatives, nostalgiques, mais toujours poétiques et mystérieuses, que dans leur traitement.
» Etre photographe c’est le moyen que j’ai choisi pour partager ma vision du monde et c’est finalement aussi le moyen pour moi de savoir ce que je vois. »